Mittwoch, März 08, 2006

Heute : 2 Jahren

(...)
Pour ... c'était là parler d'une façon trop générale. Je lui rappelai une jeune fille que l'on trouva morte dans l'eau, il y a quelque temps, et je lui répétai son histoire. C'était une bonne créature toute entière à ses occupations domestiques, travaillant toute la semaine, et n'ayant d'autre plaisir que de se parer le dimanche de quelques modestes atours achetés à grand'peine, d'aller, avec ses compagnes, se promener aux environs de la ville, ou de danser quelquefois aux grandes fêtes, et qui quelquefois aussi passait une heure de loisir à causer avec une voisine au sujet d'une querelle ou d'une médisance. Enfin sa nature ardente éveile dans son coeur d'autres désirs, qui s'accroissent encore par les flatteries des hommes. Ses premiers plaisirs lui deviennent peu à peu insipides, jusqu'à ce qu'elle rencontre un homme vers lequel un sentiment inconnu l'entraîne irrésistiblement, sur lequel elle fonde toutes ses espérances, pour lequel tout le monde autour d'elle est oublié. Elle ne voit plus, n'entend plus que lui, n'a de sentiment, n'a de désir que pour lui seul. Comme elle n'est pas corrompue par les frivoles jouissances de la vanité & de la coquetterie, ses désirs vont droit au but : elle veut lui appartenir, elle veut devoir à un lien éternel le bonheur qu'elle cherche & tous les plaisirs après lesquels elle aspirait. Des promesses réitérées qui mettent le sceau à toutes ses espérances, de téméraires caresses qui augmentent ses désirs, s'emparent de toute son âme. Elle nage dans un vague sentiment, dans un avant-goût de tous les plaisirs ; elle est montée au plus haut ; elle tend enfin ses bras pour embrasser tous ses désirs... Et son amant l'abandonne. La voilà glacée, privée de connaissance, devant un abîme. Tout est obscurité autour d'elle ; aucune perspective, aucune consolation, aucune lueur d'espoir : car celui-là l'a délaissée dans lequel seul elle sentait son existence! Elle ne voit point le vaste univers qui est devant elle, ni le nombre de ceux qui pourraient remplacer la perte qu'elle a faite. Elle se sent seule, abandonnée du monde entier. Aveuglée, accablée par l'excessive peine de son coeur, elle se précipite pour étouffer tous ses tourments, dans une mort qui l'enveloppe de toutes parts. Voilà l'histoire de bien des hommes.

J.W. von G., S.W.

2 Comments:

Anonymous Anonym said...

Peux-tu imaginer qu'un jour "il" tombe sur cette page et se sente quelque peu concerné (et/ou consterné) par ce que tu as écris? J'aimerai te le souhaiter, vu ce que tu ressens encore vis-à-vis de cette sombre histoire

3:53 PM  
Anonymous Anonym said...

Aimable à toi, mais tu connais le fin mot de l'histoire, malheureusement.
Je sais bien que ressasser le passé ne sert à rien, mais vu l'horizon...

12:42 AM  

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